Les conclusions d’une
enquête de l’institut Afrobaromètre publiée en avril 2014 et réalisée dans 34
pays africains étaient claires: sept Africains sur dix (71 %) préféraient la démocratie
à tout autre régime politique. Elle montrait cependant qu’il existait un écart
substantiel entre la demande populaire de démocratie et sa mise en œuvre
effective qui relève des élites au pouvoir : moins de la moitié des
citoyens (43 %) considéraient leur pays comme une démocratie et se disaient en
même temps satisfaits de la façon dont la démocratie y fonctionnait. Les
résultats étaient fort différents selon les pays, qu’il s’agisse du degré de
soutien populaire à la démocratie ou de l’évaluation de son effectivité.
Moins
de la moitié des adultes préféraient la démocratie à Madagascar (39 %) et au
Swaziland (46 %), à peine plus de la moitié au Soudan, en Algérie ou en Egypte,
alors que presque tout le monde (plus de 80%) soutenait la démocratie au Liberia,
au Cap-Vert, au Ghana, en Tanzanie, au Sénégal ou en Zambie. Quant au
pourcentage de personnes satisfaites de la mise en œuvre de la démocratie dans
leur pays, il passait de 75 %, 74 %, 72% et 71 %, respectivement en Tanzanie, au
Ghana, à l’île Maurice et au Botswana, à 50% au Burkina Faso, 31 % au Mali ou
21 % au Togo.
Les conclusions
de cette étude sont plutôt rassurantes pour les défenseurs convaincus de la
démocratie. L’indice de demande de démocratie mesuré par Afrobaromètre dans
seize pays en 2002 et en 2012, indice qui intègre à la fois le soutien exprimé
par les citoyens pour la démocratie et le rejet de toute forme de régime
autocratique (régime militaire, régime de parti unique ou dictature
personnelle), s’est accru sensiblement en une décennie. Ce résultat signifie
que la démocratie continue à gagner du terrain dans les esprits malgré les insuffisances
et les échecs des expériences de démocratisation dans nombre de pays au cours
des dix dernières années, et malgré les performances contrastées des
régimes démocratiques dans les domaines du développement économique et social, voire
de la stabilité politique et de la sécurité des populations.
Quasiment tous
les pays africains ont aujourd’hui des régimes formellement démocratiques et
l’Union africaine ne promeut dans ses textes et les discours de ses dirigeants
que la démocratie, la bonne gouvernance, le respect des libertés et des droits
humains. Mais, on l’a vu plus haut, moins de la moitié des Africains estiment
vivre dans un pays démocratique. Si on retient comme seul critère de
caractérisation d’un régime démocratique la possibilité réelle pour les
citoyens de choisir leurs dirigeants et de les congédier par le vote, ce qui
suppose au minimum l’organisation d’élections libres, régulières, reflétant
effectivement le choix des électeurs, la liste des pays vraiment démocratiques
ne contient sans doute pas plus du tiers des 54 pays africains, ceux dans
lesquels les résultats des élections ne sont pas toujours connus d’avance. Et
la liste des « vraies » démocraties africaines est loin d’être
figée, dans un continent toujours en mouvement, dont les Etats constitués dans
leurs frontières actuelles n’ont que cinq à six décennies d’existence.
L’Afrique a besoin de régimes démocratiques
aspirant à l’être réellement
La première
exigence pour une majorité de pays africains est de travailler à une
réconciliation minimale entre les ambitions démocratiques et de respect de
l’Etat de droit proclamées dans leurs textes fondamentaux et la réalité des
pratiques politiques et institutionnelles imposées avec plus ou moins de
délicatesse et de raffinement par les élites à la masse de leurs concitoyens.
Nul besoin de donner seulement en exemple les démocraties occidentales. La voie
à suivre est indiquée par le noyau dur des pays africains qu’on retrouve
systématiquement en haut des classements reconnus en matière de démocratie et
de bonne gouvernance : Cap-Vert, Maurice, Botswana, Afrique du Sud,
Seychelles, Ghana, Namibie, Lesotho, Zambie, Sénégal…
La liste est certes
approximative et fluctuante mais dans chacune des régions du continent, chacun
sait quels sont les pays où la souveraineté du peuple a régulièrement
l’occasion de s’exprimer et de s’imposer concrètement, quels sont ceux où elle
est une fiction figée dans les textes constitutionnels et ceux où elle n’ose
concurrencer la souveraineté des plus puissants qu’épisodiquement, aux risques
et périls de ceux qui y croient trop.
Les pays cités
plus haut sont loin d’être des démocraties parfaites, où les pratiques
observables épousent systématiquement les valeurs, les principes et les
prescriptions de leurs textes constitutionnels. Les acteurs politiques dans ces
pays ne sont pas tous vertueux et profondément attachés à une sacralisation de
la démocratie. Les populations qu’ils représentent et dirigent non plus. Mais
ils ont connu, à des moments importants de leur histoire contemporaine, des
élites qui, quoique fussent leurs motivations, ont permis de doter leur pays de
règles démocratiques et y ont suffisamment cru pour donner le sentiment à une
partie importante de leurs compatriotes que ces règles devaient être prises au
sérieux et régir effectivement la vie politique, économique et sociale de la
communauté nationale.
C’est le même
processus, sur une durée bien plus longue et au gré des circonstances de chaque
époque, qui a forgé les démocraties les plus anciennes et les plus établies
d’Occident. Elles aussi demeurent bien imparfaites. Mais il est des limites,
fixées par la culture démocratique qui s’y est progressivement ancrée, qui
peuvent très difficilement être franchies dans le contournement des règles par
les hommes et les femmes à la conquête du pouvoir. Dans un trop grand nombre de
pays africains formellement démocratiques, il n’y a pas de limites dans la
falsification de la démocratie. C’est ce qui doit changer en premier lieu.
Le problème
fondamental des faux régimes démocratiques n’est pas le fait qu’ils ne soient
pas des démocraties, mais le fait que ces régimes prétendent être des démocraties
alors qu’ils ne le sont pas et n’aspirent pas à le devenir. Ce ne sont pas des
démocraties en construction mais des régimes non démocratiques qui ne
s’assument pas. Leurs constitutions, calquées sur ou inspirées par celles des
démocraties occidentales, proclament le respect des libertés et des droits de
l’homme, la primauté de la souveraineté du peuple exercée à travers les
élections régulières, la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et
judiciaire, l’indépendance de la justice, le respect de la liberté de la
presse. Mais dans la réalité, ces principes et valeurs sont systématiquement ou
régulièrement bafoués.
Adopter des
règles et consacrer ensuite toute son énergie et sa créativité à les contourner
ou les manipuler à son profit est la caractéristique fondamentale des pratiques
réelles dans les fausses démocraties. En affranchissant le jeu politique et
donc la gestion de l’Etat au plus haut niveau de toute limite fixée par
l’éthique, ces régimes ne peuvent qu’encourager toute la société à relativiser
l’importance du respect des règles, et ce dans tous les domaines et à tous les
niveaux de responsabilité.
Enfin, parce que les bienfaits attendus de la
démocratie ne se concrétisent que lorsque celle-ci est réelle et substantielle,
alors que ses inconvénients et ses coûts se manifestent même lorsqu’elle n’est
que factice et formelle, l’enracinement des démocraties mensongères en Afrique
est une menace pour la survie de l’idéal de la démocratie authentique et pour
la pérennité des régimes démocratiques les plus crédibles du continent.
L’Afrique a besoin de régimes
démocratiques capables de résoudre les problèmes cruciaux auxquels les pays
sont confrontés
On peut soutenir
la démocratie parce qu’on considère qu’elle est le régime politique le plus
compatible avec les valeurs humanistes telles que le respect d’un certain
nombre de droits et de libertés individuels fondamentaux. Cela correspond à
soutenir la démocratie pour les valeurs qui la fondent, et donc pour elle-même.
Mais on peut aussi soutenir la démocratie, et la préférer à toutes les options
alternatives, parce qu’on pense que les régimes démocratiques sont plus
efficaces que les autres pour produire de la sécurité, de la paix, de la
stabilité, du développement économique ou tout autre résultat apprécié par les
humains. Cette vision plus utilitariste qu’idéaliste fait de la démocratie un
moyen davantage qu’une fin en soi.
Dans le monde
réel, les arguments idéalistes ont peu de chances de suffire à susciter une
adhésion populaire à un régime politique particulièrement exigeant aussi bien à
l’égard des élites que des citoyens. Dans des pays et des sociétés où une
grande partie des âmes vivent dans une situation permanente de grande
vulnérabilité physique et matérielle, où les besoins humains considérés
ailleurs élémentaires ne sont pas satisfaits, on ne peut se contenter de
défendre la démocratie en évoquant son contenu théorique en liberté. On ne rend
pas service à la démocratie en éludant les questions dérangeantes et en
affirmant sans preuves crédibles qu’elle constitue en tout temps, en tout lieu,
et en toutes circonstances, la meilleure réponse immédiate aux besoins des
peuples.
Menacés par une
large variété de conflits violents dans leur pays ou à leurs frontières,
maintenus dans la pauvreté par des systèmes économiques peu productifs et
inéquitables, abandonnés à leur sort (et à leur Dieu) par des élites qui
privatisent l’Etat et accaparent l’essentiel des ressources et des opportunités
économiques, livrés comme recrues idéales aux entrepreneurs de l’intolérance
religieuse ou ethnique, happés par les promesses d’enrichissement rapide dans
des activités criminelles en tous genres, plongés dans la confusion par le
déferlement incessant d’informations, de faux modèles et d’illusions en
provenance de toutes les régions du monde globalisé sans qu’ils n’aient les
moyens de les interpréter et de les contextualiser, beaucoup d’Africains ont
d’excellentes raisons de douter de l’utilité de la démocratie qui leur a été
tant vendue au tournant des années 1990.
A quoi sert-elle
si elle ne permet pas d’apporter à leurs pays plus de paix, de sécurité, de
prospérité économique, de cohésion sociale ? Il est bien agréable de jouir
de la liberté d’expression et de vote, mais que vaut-elle lorsqu’on est en
insécurité physique et alimentaire ? La liste des pays africains qui ont
basculé dans des conflits armés, des crises politiques violentes, des
situations d’effondrement ou de décomposition de l’Etat n’a pas cessé de
s’allonger, malgré la généralisation des processus de démocratisation. On ne
peut continuer à faire croire, dans ces conditions, que la démocratisation
conduit nécessairement à plus de paix, de sécurité et de bonheur.
L’analyse
théorique tout comme les expériences politiques de nombreux pays sur tous
les continents indiquent qu’il n’y a pas de lien de causalité simple et
systématique entre la nature démocratique ou non des régimes politiques, la
stabilité politique, la prévalence de la paix, ou entre démocratie et progrès
économique. La variable temporelle ainsi que les caractéristiques des pratiques
politiques réelles, que le régime soit formellement démocratique ou non, sont
déterminantes.
On peut trouver dans l’histoire contemporaine autant de pays qui
ont connu de longues périodes de paix et de stabilité alors qu’ils étaient sous
la coupe de régimes clairement autoritaires que de régimes démocratiques
incapables d’assurer stabilité et sécurité pour leurs populations. On sait de
même que certains régimes autoritaires ont été capables de faire franchir à
leurs pays d’importants paliers sur le plan économique, social, éducatif,
technologique alors que d’autres régimes autoritaires ainsi que des démocraties
formelles maintenaient leurs populations dans la détresse matérielle, morale et
culturelle.
L’option
démocratique, réduite à la réalité de l’exercice de la souveraineté du peuple,
ne permettra pas aux pays africains de résoudre les graves problèmes immédiats
auxquels sont confrontées leurs sociétés. C’est lorsqu’elle est substantielle,
donc solidement installée dans les esprits des élites et d’une masse critique
de citoyens, que la démocratie peut donner la pleine mesure de ses bienfaits,
de sa capacité à résoudre les conflits de manière pacifique et à imposer aux
différents groupes aux intérêts contradictoires des règles qui permettent de
sauvegarder l’essentiel, une certaine idée de l’intérêt général.
Les démocraties
africaines, aussi bien les plus avancées que les plus factices, sont très
jeunes et devront attendre longtemps avant de prétendre bénéficier des
avantages des démocraties consolidées. Pendant ce temps-là, elles ne seront
nullement protégées des risques de reflux autoritaire, de détournement par des
élites et des pouvoirs extérieurs qui ne souhaitent pas son ancrage et de leur
propre suicide si elles ne s’accompagnent pas de résultats concrets positifs en
matière de bien-être pour les populations. Pendant ce temps-là, l’Afrique a
besoin de régimes qui soient à la fois démocratiques et efficaces dans la
production et la consolidation d’Etats effectifs et efficaces.
Parce que
beaucoup confondent processus de démocratisation et processus de consolidation
des Etats, ils attribuent souvent les échecs du second au premier. Pour les
pays africains qui n’ont actuellement que des Etats ne disposant d’aucune
capacité réelle à agir sur le plan sécuritaire et économique sur leur propre
territoire, ce n’est pas l’organisation d’élections démocratiques qui est prioritaire
mais la restauration d’un minimum d’autorité de l’Etat. Dans tous les pays du
continent, la consolidation des Etats dans leur capacité à agir reste un défi
majeur qui ne se confond pas avec l’ambition démocratique.
L’Afrique a besoin de régimes
démocratiques innovants, exigeants et pensés pour les futures générations
Combien de fois
n’a t-on pas entendu des personnalités africaines, y compris des chefs d’Etat,
répondre à des critiques sur des entorses à la pratique démocratique dans leur
pays en évoquant le caractère « étranger et imposé » de cette
démocratie occidentale ? Combien de fois n’entend-on pas des acteurs
politiques mais aussi des intellectuels et experts africains dans des
séminaires expliquer que le modèle démocratique occidental appliqué aux pays
africains ne pouvait pas s’y ancrer parce qu’il ne serait pas adapté aux
réalités sociales, culturelles et économiques africaines ?
Ces points de
vue sont défendables. Ils le sont d’autant plus que nulle part l’émergence et
l’installation de la démocratie comme régime politique standard n’ont suivi un
processus linéaire, nulle part des changements majeurs d’ordre politique ne se
sont faits indépendamment des évolutions économiques et sociales, des luttes
d’intérêts entre groupes sociaux et politiques nationaux disposant généralement
de soutiens extérieurs concurrents.
Les démocraties
occidentales elles-mêmes ne sont pas aussi vieilles qu’elles essaient de le
faire accroire, et elles ont pendant de nombreuses décennies, exporté ou
encouragé en Afrique et ailleurs les formes d’Etat les plus autoritaires et
antagonistes au respect des droits humains dans leur entreprise de colonisation
formelle ou de domination implicite. L’exhortation à la démocratisation par les
grandes puissances, à l’exception de la chinoise, est bien récente et elle
continue d’être à géométrie variable, au gré des intérêts stratégiques des uns
et des autres.
Mais peut-on et doit-on continuer à s’abriter derrière la
dénonciation du rôle des puissances étrangères dans la promotion hypocrite de
la démocratie pour cacher une opposition réelle aux valeurs démocratiques ou,
au mieux, pour cacher une incapacité des élites à construire des régimes
démocratiques « adaptés » aux réalités africaines ? Dès lors
qu’on n’explicite pas ce qu’on entend par réalités africaines, cette exigence
d’africanisation de la démocratie est suspecte.
Est-ce l’idée
générale de la souveraineté du peuple qui serait incompatible avec les réalités
africaines ? Est-ce la prescription d’un fonctionnement de la société basé
sur un droit respectueux des libertés individuelles ? Est-ce celle de la
primauté des droits individuels sur les droits collectifs de type
communautaire ? Est-ce le principe de la séparation des pouvoirs exécutif,
législatif et judiciaire ? Est-ce celui de l’indépendance de la
justice ? Sont-ce les valeurs et principes fondamentaux qui sous-tendent
la démocratie qui devraient être adaptés aux réalités africaines, ou les règles
et procédures censées organiser le fonctionnement démocratique d’un pays telles
qu’elles sont inscrites dans leurs constitutions ?
Si les élites
africaines croient que ces valeurs fondamentales ne sont pas adaptées à l’état
et aux aspirations de leurs sociétés, il y a un vrai problème qui devrait
aboutir à une décision assumée de renonciation à l’option démocratique plutôt
qu’à un enfermement schizophrénique dans le registre des fausses démocraties.
Si l’on a des doutes non pas sur les valeurs mais sur des choix précis de
modèle constitutionnel démocratique, le problème est bien moins sérieux et
l’exigence de l’adaptation aux réalités africaines est non seulement défendable
mais indispensable.
La réalité qui
doit être particulièrement prise en compte est celle de la grande diversité
interne des pays, sociétés et populations africains : diversité ethnique,
diversité religieuse, diversité socioéconomique, diversité culturelle. Cette
diversité, qui n’est certes pas une exclusivité africaine, prend dans beaucoup
de pays africains la forme d’une polarisation de la société, qui ne tarde pas à
aboutir à l’intolérance, l’exclusion et la violence. On ne compte plus les
conflits violents qui sont dramatiquement aggravés par la mobilisation
politique de l’appartenance ethnique ou de l’affiliation religieuse.
Les
régimes démocratiques à construire par les Africains doivent permettre de
décourager ces manières dangereuses de faire de la politique, en prévoyant
explicitement dans les textes constitutionnels des institutions, des
incitations et des sanctions visant à fixer des limites claires dans les moyens
qui peuvent être mobilisés par les acteurs politiques dans l’entreprise de
conquête ou de conservation du pouvoir.
L’affirmation
dans la plupart des constitutions africaines des grands principes d’égalité
entre les citoyens, de respect de la diversité, de protection des minorités
ethniques et religieuses, de non discrimination dans l’accès aux fonctions
politiques et administratives… ne suffit pas. Les pratiques réelles
continueront à s’affranchir totalement de ces principes tant qu’il n’y aura pas
de mécanismes crédibles de sanction et des institutions judiciaires
indépendantes des pouvoirs politiques et rigides dans l’application de la loi.
C’est aussi en intégrant des mécanismes d’incitations aux comportements
éthiques et de sanction des pratiques qui polluent l’exercice démocratique que
l’influence nocive et puissante de l’argent sale sur la vie politique pourra
être tempérée dans les pays africains. Une régulation réellement applicable du
financement des activités politiques est une urgence dans les pays africains,
dans un contexte de criminalisation croissante de nombreux Etats.
On le voit,
l’Afrique a besoin de régimes démocratiques très élaborés, conçus pour gérer la
complexité des pays et des défis sécuritaires, économiques, sociaux et
culturels qu’ils doivent relever. Elle n’a pas besoin de démocraties « kpayo », le terme utilisé au Bénin
pour qualifier l’essence réputée de mauvaise qualité importée massivement en
contrebande du Nigeria voisin où les produits pétroliers sont subventionnés. Le
continent n’a aucune chance de connaître plus de paix, de stabilité, de
prospérité économique, de cohésion sociale s’il ne renonce pas au choix de la
facilité qui équivaut aussi toujours à celui de la mauvaise qualité, de la
courte vue et du renoncement à toute éthique.
Les régimes
démocratiques que les pays africains doivent construire doivent être davantage
pensés pour favoriser l’émergence du type de sociétés que l’on souhaite pour
les futures générations qu’adaptés aux réalités du moment. C’est l’avenir qui
compte. L’exigence fondamentale des régimes politiques africains est celle de
véhiculer des messages très clairs sur les valeurs auxquelles l’on voudrait que
les sociétés africaines s’identifient dans le futur, même si on sait très bien
que les pratiques réelles ne s’y conformeront jamais totalement. Les pays
africains dans leur diversité peuvent et doivent s’inspirer des modèles
existants de démocratie dans leur grande variété pour concevoir, tester et
faire vivre leurs propres modèles, résolument modernes parce que tournés vers
l’avenir et libérés de tous les complexes hérités de l’Histoire.
Article publié par Géopolitique africaine, N°53/54, 1er trimestre 2015.
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